Une femme Présidente de la République, pourquoi pas ?
- L’égalité politique entre les sexes est un tout ; 85% des Français en général, et plus encore les hommes (87%) se disent ainsi prêts à élire une femme Présidente de la République. Les irréductibles, ceux qui s’y opposent encore (13%), sont davantage représentés parmi les personnes âgées (25% des plus de 65 ans), les personnes sans diplôme (18%) et les sympathisants de droite (15%, au lieu de 8% des sympathisants de gauche). Notons qu’au sein de cette « vieille France », ce sont les femmes elles-mêmes qui ont le plus de réticences à élire une de leurs concitoyenne à la plus haute instance de l’Etat (+ 7 points de refus auprès des femmes de plus de 50 ans par rapport aux hommes de cette même tranche d’âge).
Une progression de l’égalité entre les hommes et les femmes …
- Cette égalité apparaît à l’opinion hexagonale comme inscrite dans le sens de l’Histoire. Une large majorité de Français constatent d’ailleurs une progression depuis 5 ans de l’égalité entre les hommes et les femmes. Mais ils sont bien plus nombreux à la constater dans le domaine politique que dans le domaine professionnel et des salaires.
… dans le domaine politique :
- Cinq ans après les lois du gouvernement Jospin sur la parité, les Français sont une très large majorité à observer une progression de l’égalité entre les hommes et les femmes sur la scène politique (67%). De plus, ce jugement est presque autant partagé par les femmes que par les hommes, et il l’est de la même manière dans toutes les catégories socioprofessionnelles.
L’augmentation, même minime, du nombre de députées, la plus forte présence de certaines femmes politiques, par exemple la victoire fort médiatisée de Ségolène Royal aux dernières élections régionales en Poitou-Charentes, sont autant de facteurs pouvant expliquer la perception d’une plus grande égalité des sexes dans le domaine politique, même si la parité est encore loin d’être une réalité. Mais cette amélioration du rôle et de la place des femmes, les Français sont nettement moins nombreux à l’observer dans le domaine professionnel et des salaires.
… plus que dans le domaine professionnel et des salaires
- 57% des Français perçoivent en effet des progrès dans l’égalité professionnelle et salariale entre les sexes, soit 10 points de moins que dans le domaine politique. Plus révélateur encore, les femmes sont nettement moins nombreuses que les hommes à percevoir ce progrès (52% contre 62%). En évoquant, lors de ses vœux aux Français, la nécessaire égalité salariale entre les hommes et les femmes -et sans entrer dans le débat de savoir si la voie législative est la bonne- Jacques Chirac a abordé un sujet de préoccupation bien réel et souhaité une évolution très attendue des Français et surtout des Françaises.
… grâce au monde associatif plus qu’au monde politique
- Pour faire avancer l’égalité entre les hommes et les femmes dans le domaine politique, les Français font davantage confiance aux associations de droit des femmes (46%) et, dans une moindre mesure aux femmes politiques elles-mêmes (38%) qu’aux partis politiques (18%) ou encore aux médias (25%). Toutefois, il est à noter que la confiance pour ces différents acteurs varie selon le sexe, les catégories sociales et l’auto-positionnement sur l’échiquier politique. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à faire confiance aux associations féministes (52% contre 40%), mais elles font moins confiance qu’eux aux partis politique (15% contre 22%). Les personnes de revenus modestes (dont le foyer vit avec moins de 1 500 euros par mois) sont également plus nombreuses à exprimer une défiance vis-à-vis du monde politique. Elles font moins confiance à la fois aux femmes politiques (33% contre 44%) et aux partis politiques (14% contre 26%) et ceci au profit des associations (48% contre 39%). Enfin, politiquement, les sympathisants de droite se singularisent en accordant une confiance particulière à l’exemple donné par les femmes politiques elles-mêmes (43% contre 38% en moyenne) tandis qu’à gauche, on fait davantage confiance aux structures (+ 5 points de confiance aux associations et 4 points pour les partis politiques). Avec la prudence qu’impose la faiblesse des effectifs observés, nous noterons toutefois avec intérêt l’exception communiste en termes de confiance accordée au rôle du parti pour
l’émancipation des femmes en politique (+ 16 points).
Une image globalement négative de la politique …mais où l’on ressent un besoin de féminisation :
- L’autre enseignement de ce sondage est eneffet l’image toujours aussi négative qu’ont les Français du monde politique. Elle explique pourquoi seulement une minorité d’entre eux serait prêt à inciter leur enfant à faire de la politique (25% contre 72%). Les femmes (22% contre 27% des hommes), et les personnes les plus socialement fragilisées, c’est à dire celles ayant l’image la plus médiocre du monde politique, sont les moins prêtes à inciter leur enfant à se lancer dans la politique : 20% des personnes ayant un niveau inférieur au bac, contre 32% de celle ayant un niveau d’étude supérieur et 19% de celles touchant moins de 1500 euros par mois, contre 36% de celles touchant plus de 3 500 euros mensuellement. Lorsque l’on teste, selon la technique du split d’échantillon (voir ci-dessous1) l’éventualité d’inciter plus particulièrement sa fille à faire de la politique, la réaction des Français est également assez négative : 39% seulement répondent positivement contre 58 % négativement. L’inclinaison à voir son enfant entrer en politique est toutefois de 14 points supérieure lorsque l’on précise que cet enfant est une fille révélant ainsi une conscience du besoin de féminisation du monde politique. Cette conscience n’est pas pour autant plus forte parmi les femmes. Elle semble, en réalité, l’être parmi les personnes ayant une bonne image de la politique et ayant, par là même, un profil en tout point opposé à ce que nous décrivions précédemment : un public plutôt masculin (45%), parmi les plus instruits (46%) et de catégorie sociale dite supérieure (57% des plus hautes revenus). Ce dernier résultat nous laisse entrevoir un espoir inattendu, celui de voir, au milieu d’un désintérêt et d’un désaveu toujours croissant des Français pour la politique, la nouvelle génération féminine régénérer la vie politique et la rendre plus attractive. De manière plus générale, ce sondage nous permet de constater que l’émancipation des femmes est un thème auxquels les Français sont sensibles. Ils la jugent plutôt en bonne voie en ce qui concerne la politique. Les nouveaux enjeux semblent se situer à présent, et le chef de l’Etat l’aura bien compris. sur la plan professionnel, domaine où des lois existent également mais où les résultats tardent à être perçus – s’ils existent.
Jérôme Sainte-Marie
Directeur de BVA Opinon
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