Les Français manifestent peu d’intérêt pour la campagne des élections législatives

A 10 jours du premier tour, les Français ne sont que 38% à déclarer suivre (beaucoup ou assez) la campagne. La campagne imprime peu, malgré les enjeux importants que représentent ces élections. Comme souvent les CSP+ (46%), les habitants de la région parisienne (48%) et les diplômés de l’enseignement supérieur (46%) sont mieux informés et suivent davantage la campagne.

L’opposition entre Emmanuel Macron, fraichement reconduit à la présidence de la République, qui espère avoir la majorité parlementaire, et Jean-Luc Mélenchon qui dès le soir du 2nd tour de l’élection présidentielle appelait les électeurs de gauche à se mobiliser pour l’élire Premier ministre, est cependant perceptible. Ce sont en effet les deux seuls candidats de l’élection présidentielle dont l’électorat déclare suivre la campagne : respectivement 48% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et 46% des électeurs d’Emmanuel Macron à la dernière élection présidentielle.

Des députés peu connus et essentiellement portés par le programme qu’ils défendent

Les députés sont peu connus des Français : seuls 40% déclarent connaitre le nom du député de leur circonscription. Là encore les plus âgés (52% des 65 ans et plus), les CSP+ (48%) et les diplômés du supérieur (45%) sont mieux informés, de même que les Français qui s’intéressent à la vie politique, puisque 65% de ceux qui suivent la campagne déclarent connaitre le nom du député de leur circonscription.

Le premier critère pour se faire une opinion sur un député est pour plus de la moitié des Français le programme politique qu’il défend (53%), et ce quel que soit l’âge ou la profession du répondant. L’étiquette politique est un critère essentiel pour 20% des répondants, alors que 17% seulement prennent en compte l’implantation locale du candidat. Ce critère est particulièrement important pour les plus âgés (24% auprès des 65 ans et plus).

La majorité des Français ne souhaitent pas qu’Emmanuel Macron dispose de la majorité à l’Assemblée…

Seulement un tiers des Français (35%) souhaite, qu’à l’issue des législatives, Emmanuel Macron dispose d’une majorité parlementaire à l’Assemblée nationale. Si 85% des sympathisants du centre veulent que la Président dispose d’une majorité, les sympathisants de La France Insoumise (7%) et du Rassemblement National (9%) sont logiquement bien moins nombreux à le souhaiter. Sans que cela ne soit majoritaire, on observe également que les sympathisants des deux partis traditionnels de gouvernement souhaitent également davantage que le président dispose d’une majorité pour mettre en œuvre sa politique (46% des sympathisants PS, 47% des sympathisants LR).

… mais sont partagés sur le choix du Premier ministre

Si les Français sont aussi partagés, c’est qu’aucun opposant n’émerge naturellement. Ainsi, si Jean-Luc Mélenchon a appelé à l’élire Premier ministre et a réussi à rassembler les partis de gauche, seuls 31% des Français souhaitent qu’il devienne Premier ministre. Si 64% des sympathisants de gauche veulent que la NUPES obtienne une majorité à l’Assemblée, de fortes disparités apparaissent dans cet électorat : 92% des sympathisants LFI souhaitent qu’il devienne Premier ministre, mais malgré l’alliance, Jean-Luc Mélenchon a du mal à élargir son socle puisque seulement 48% des sympathisants EELV et 31% des sympathisants PS veulent qu’il soit nommé Premier ministre. Surtout, Jean-Luc Mélenchon pâtit de son caractère clivant : il apparait ainsi rejeté par près de la moitié des Français (49%), qui ne souhaitent pas du tout qu’il occupe le poste.

Sans recueillir un soutien majoritaire, Elisabeth Borne est moins rejetée, puisque 41% des interrogés souhaite qu’elle reste Première ministre. Les sympathisants LREM la soutiennent très largement (85%), ainsi qu’une majorité des sympathisants LR (60%). Même parmi les sympathisants EELV et PS, dont les partis ont pourtant signé l’accord avec Jean-Luc Mélenchon, une majorité souhaite qu’elle reste en place (respectivement 52% et 51%), signe que l’ensemble de l’électorat de gauche ne se rallie pas d’un seul bloc derrière Jean-Luc Mélenchon.

En d’autres termes, si l’exécutif est loin de susciter l’enthousiasme et est critiqué par une majorité de Français, Jean-Luc Mélenchon ne tire pas réellement profit de la situation, même s’il est parvenu à replacer la gauche au centre des débats et de l’actualité.

Les Français s’attendent cependant à ce que le Président dispose d’une majorité parlementaire

Au-delà des souhaits de victoire, la majorité des Français (57%) estime toutefois que le Président disposera d’une majorité parlementaire à l’issue des élections législatives. Notons que ce pronostic de victoire n’est toutefois pas massif, puisque 42% des répondants en doutent, signe que le résultat est loin d’être totalement déterminé à leurs yeux.

Les sympathisants LREM en sont également davantage convaincus (90%) de même que les sympathisants des principaux partis de gouvernement : 62% des sympathisants EELV, 64% des sympathisants PS, 69% des sympathisants LR. Toutefois, les sympathisants LFI et ceux qui ne souhaitent pas qu’Emmanuel Macron dispose d’une majorité ne sont pas résignés, puisque que seule une minorité d’entre eux estime que le président disposera d’une majorité à l’Assemble à l’issue des élections législatives (respectivement 32% et 41%).

 

A dix jours du premier tour, force est de constater que la campagne intéresse peu les Français, alors même que le résultat ne leur semble pourtant pas totalement acquis. Vont-ils se remobiliser ou bouder massivement les urnes ? Réponse le 12 juin.