- L’opposition au projet de réforme des retraites s’accroit et la colère gonfle, prenant le pas sur l’inquiétude
- Les Français se sentent davantage concernés par cette réforme et en particulier les femmes qui approuvent plus massivement le mouvement et se mobilisent davantage ces derniers jours
- Le mouvement de protestation suscite de plus en plus d’adhésion et les Français souhaitent une poursuite de la mobilisation
- Cependant on note une certaine résignation et un faible espoir de faire fléchir le gouvernement
Le rejet de la réforme et le sentiment de colère s’amplifient
Comme l’a montré la forte mobilisation de mardi dernier, les Français rejettent toujours la réforme des retraites portée par le gouvernement et ce rejet est de plus en plus important. Ce sont désormais 60% des Français qui estiment qu’il ne faut pas mettre en œuvre cette réforme (+2 pts). Dans le détail, les plus fortes évolutions s’enregistrent auprès des femmes (64%, +5 pts), ainsi qu’auprès des plus jeunes et des aînés : 64% des 18-24 ans (+11 pts) et 41% des 65 ans et plus (+6 pts) sont opposés à la mise en œuvre de la réforme.
Malgré cette opposition plus marquée des 65 ans et plus, ceux-ci continuent majoritairement de considérer qu’il faut réformer le système des retraites (58% sont favorables à la mise en œuvre de la réforme).
Le gouvernement peine toujours à convaincre de la légitimité de cette réforme, qui n’apparait nécessaire qu’à 39% des Français et qui est toujours perçue comme floue et compliquée : seuls 33% des répondants la jugent claire.
Alors que jusqu’à présent c’est l’inquiétude qui dominait chez les Français, c’est désormais la colère qui prend le pas : 47% se déclarent en colère (+6 points). Bien que devancée, l’inquiétude reste cependant forte auprès des Français (45%).
Les Français de plus en plus convaincus que cette réforme va les concerner personnellement ; les femmes vont davantage en pâtir
Ce sentiment de colère est nourri par la conviction désormais largement majoritaire que cette réforme aura un impact sur leur propre situation. 6 Français sur 10 estiment que la réforme aura un impact sur leur situation, une progression de 9 points en dix jours.
Au global, cette réforme n’est perçue comme juste que par 26% des Français.
Quant à savoir à quelle génération les efforts les plus grands sont demandés, les avis sont partagés. Près de la moitié des répondants (44%) considèrent que les efforts seront répartis sur toutes les générations (d’actifs). Mais cette perception est fortement corrélée à l’âge des répondants, chaque génération s’estimant plus fortement concernée par les efforts demandés.
Les avis sont en revanche plus tranchés quant à l’inégalité des sexes face à cette réforme. Une petite majorité des Français (52%) considèrent que les efforts consentis sont les mêmes pour les hommes et pour les femmes, mais 42% estiment que les femmes vont être davantage perdantes avec cette réforme. Les critiques des oppositions sur le sujet semblent donc infuser dans l’opinion.
La gauche est donc parvenue à sensibiliser les femmes et à les mobiliser davantage. Le rejet de cette réforme progresse auprès de l’ensemble de la population française (+2 pts), mais la progression est plus forte auprès des femmes (+5 pts). De même, l’approbation du mouvement contre la réforme gagne 10 points auprès des femmes (+4 sur l’ensemble des Français) et elles sont plus nombreuses qu’il y a dix jours à souhaiter que la mobilisation contre ce projet de réforme se poursuive (60%, +10 pts).
Une approbation de plus en plus massive du mouvement
Loin de s’essouffler ou de générer de la lassitude, le mouvement de protestation contre la réforme suscite de plus en plus d’adhésion. A présent 72% des Français soutiennent la mobilisation contre le projet. L’approbation est massive et transgénérationnelle. Seuls les sympathisants Renaissance et Les Républicains sont majoritairement opposés à cette mobilisation, mais respectivement 31% et 44% soutiennent le mouvement… ce qui n’est pas négligeable.
Cette large approbation s’accompagne d’un souhait très majoritaire de voir la mobilisation se poursuivre. Les deux tiers des Français (67% ; +5 pts) souhaitent ainsi la poursuite du mouvement, dont 44% qui y sont même « tout à fait favorables ».
Des concessions attendues sur les mesures de la réforme, mais pas de recul espéré sur l’âge de départ à 64 ans
Le report de l’âge légal à 64 ans est toujours la mesure qui suscite le plus de rejet de la part de Français (72%, +3 pts). Pourtant les trois quarts des Français (77%) considèrent que la réforme des retraites et sa mesure principale, le recul de l’âge de départ en retraite à 64 ans, sera adoptée, semblant ainsi se résigner et entériner les propos d’Elisabeth Borne qui déclarait que l’âge de départ fixé à 64 ans n’était « plus négociable ». Même ceux qui approuvent le mouvement et ceux qui souhaitent que la mobilisation se poursuive semblent fatalistes (74% estiment que la réforme sera adoptée).
Une minorité de Français (41%) espère néanmoins que la mobilisation va permettre d’obtenir quelques concessions du gouvernement sur le projet. On note malgré tout que cette aspiration a tendance à s’éroder, perdant 2 points en dix jours. Paradoxalement, ce sont les sympathisants Renaissance qui pensent majoritairement que le gouvernement va faire des concessions sur le projet (55%), signe d’ouverture à la négociation ou recherche d’un compromis nécessaire pour permettre l’adoption de cette réforme, qu’ils soutiennent majoritairement.